Exposition Regard d'Indien au Pictorium

Regard d'Indien par Sylvain Leser
Photographies et Digigraphies,
Exposition à louer


L’Inde est un lieu Divin, empli de sons, d'odeurs, de goûts et de sensations. Un pays d'une grande beauté et parallèlement d'une laideur picturale. Mais au-delà de sa brutalité, ses ombres et ses lumières ne peuvent que nous éveiller.

C’est au sein de ce pays fascinant, hors du temps et des repères occidentaux que j’ai été témoin d’une expérience riche d'échanges de regards; des regards qui en disent long, des regards qui s’épargnent de paroles…profonds, généreux…sans artifices et faux-semblants.
De celui qui apporte la sérénité en un instant malgré le tumulte et le chaos environnant…..A cet autre qui m’apporte exaltation, sans qu’aucun mot n’ait été prononcé.
Ces regards resteront à jamais gravés dans mon âme, ces yeux ancrés dans le présent qui parfois ressemblent étrangement aux yeux des icônes de l'hindouisme; empreints de toutes les émotions de la création.

Ma découverte de ce pays unique date de décembre 2009 et ma première escale, Vârânasî que nous connaissons sous son ancien nom Bénarès, « La » ville sainte par excellence.
Je me rappelle encore mon arrivée, accueilli par un jeune chauffeur de taxi aux yeux souriants, m’honorant d’un « Welcome in the Holly city of India » tout en dodelinant de la tête, comme prévu...
Bénarès ne se décrit pas…elle se vit et j’estime que l’extrait de l’écrivain Vijay Singh, dans son ouvrage «Le Gange et son double» en révèle ici tout son sens: "II y a un point dans la conscience où rien n'existe. Choc, silence, vide, transe, absence, gouffre, vacuité, vacuum. Tant de mots et pourtant rien ne capte ce point, le point de vie, le point de mort. C'est pour le découvrir que Bénarès Est. Et ce n’est pas parce que ses sages ont trouvé ce point, mais précisément, parce qu’ils ne l'ont jamais trouvé." (Aurais-je, quelques comptes à régler avec la mort ? Oui, sans aucun doute...Alors je pense être au bon endroit, au bon moment.)
Tout ce que je découvrirai de Bénarès me semblera beau, fort et sage; et je me dis que rapporter avec moi les images de ce que j’ai vu et ressenti afin de le partager sera mon hommage à ce lieux si mystique et si particulier.

L'Inde est en mouvement permanent. Tout un peuple, même celui ou celle qui parait le plus laïque, possède une dévotion surpuissante.
Mon deuxième séjour me portera donc à Calcutta, « Kolkata, cité de la Foi» réputée pour son grand nombre de laissés-pour-compte, sa misère omniprésente et où les corbeaux croassant surprennent par leur suprématie…
Je m’envole pour un autre contraste, « Jaipur, la ville rose » au cœur du Rajasthan, cité des marchands de pierres précieuses, des palais de Maharadjas et me perdre dans ses rues me plongera dans un autre univers et un autre temps.

Au terme de ces deux premiers voyage, je me sens bouleversé, séduit, fasciné et malgré les images parfois brutales où la mort côtoie la vie, je rentre en France émerveillé…décidé deux mois plus tard à retrouver ces images fortes que seule l'Inde semble susceptible de m'apporter dans cette période de ma vie.

Mumbai sera ma première destination, et je reste encore sidéré par sa représentation absolue du Gigantisme. Agglomération de plus de 22,3 millions d'habitants, soit une des dix villes les plus importantes au monde, Bombay honorée d’être « capitale commerciale » me frappe de plein fouet par ce dortoir géant où des centaines de milliers de sans-abris hantent ses rues. Mes pas me conduiront vers le « Dharavi slum», l'un des plus grands bidonvilles du globe où je photographie certaines âmes errantes, estimant que cet « échange» peut leur procurer un peu d'attention; tout comme me mettre à la hauteur de ces Intouchables très touchants.

Mon dernier séjour, en Septembre 2010 me permettra de découvrir « Amritsar » située dans le Punjab, région que l’on surnomme the « Turban People of India » dans les hauts-lieux de la culture et religion Sikh, tout comme au sein du fameux Temple d'or, lieux éblouissant empreint de lumière autant réelle que spirituelle.
Je poursuis mon périple par Jodhpur « la ville Bleue », celle des charmeurs de serpents, des kalbelhias, gitans d'inde vêtus de costumes aux couleurs vives et saris traditionnels.
Je ne peux achever mon voyage sans revoir Bénarès « cité des Dieux » et ses temples Shivaistes millénaires, disparus sous les eaux du Ganges tels une Atlantide après la mousson. En cette saison de l’année, le centre de crémation, le « Manikarnika Ghât » bat son plein et j’assiste aux cérémonies et rites funéraires…les corps dans l’attente de leurs incinérations sont baignés selon les coutumes ancestrales, et le courant très vif emporte les corps non consumés qui seront simplement inhumés dans le fleuve. Je réalise que le Gange pourrait faire penser au plus grand cimetière marin de la planète lors de la saison sèche…et malgré la mort qui rode sans répit, je quitterai cette «Vârânasî pleine de Vie » avec la conviction d'y revenir….

A tous ces regards…A tous ces instants volés, ces souvenirs rares et précieux, j’aimerais dire aux Indes : « Si grandes et si riches avec autant de façon de vous voir ; le désir de vous quitter parfois, pour aussitôt y revenir....Sans doute bien avant que je vous découvre, vous m'aviez envoûtées»